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Philippe Busquin: Plus de femmes pour la rercherche industrielle en Europe Conf¨¦rence "Women in industrial research" Berlin, 10 octobre 2003

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October 13, 2003

Berlin, 10 octobre 2003

Monsieur le Secr¨¦taire d'Etat, Monsieur le Pr¨¦sident-Directeur G¨¦n¨¦ral, Mesdames, Messieurs,

A mon tour, je voudrais vous remercier d'¨ºtre venus si nombreux et d'aussi loin 40 pays sont ici repr¨¦sent¨¦s- pour entendre les r¨¦sultats des travaux entrepris par la Commission europ¨¦enne et d¨¦battre des meilleurs moyens pour donner aux femmes toute la place qui devrait ¨ºtre la leur dans la recherche industrielle.

Je me f¨¦licite de la mobilisation conjointe des autorit¨¦s allemandes, des entreprises et de la Commission, mobilisation qui nous permet d'¨ºtre r¨¦unis ici aujourd'hui pour donner un nouvel ¨¦lan ¨¤ la promotion des femmes dans l'Espace europ¨¦en de la recherche.

Comme vous tous j'en suis s?r- j'appr¨¦cie aussi particuli¨¨rement le cadre dans lequel nous sommes r¨¦unis, qui allie histoire et perspective: deux variables indispensables ¨¤ tout mouvement ¨¦conomique, social et politique, y compris celui du progr¨¨s technique et humain, en y incluant la recherche d'une plus grande ¨¦galit¨¦ entre les hommes et les femmes.

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La tr¨¨s grande majorit¨¦ de la politique de recherche est mise en oeuvre au niveau national ou r¨¦gional. La contribution de l'Union europ¨¦enne ¨¤ l'effort de recherche ne d¨¦passe pas 5% des montants affect¨¦s par les Etats membres ¨¤ la recherche civile. Mais elle est essentielle pour valoriser l'ensemble des efforts nationaux et leur donner un plus grand impact sur le progr¨¨s en Europe et la comp¨¦titivit¨¦ de l'industrie europ¨¦enne.

Les comp¨¦tences de l'Union europ¨¦enne dans le domaine de la recherche vise ¨¤ d¨¦velopper les synergies n¨¦cessaires en Europe au del¨¤ des p¨¦rim¨¨tres nationaux pour cr¨¦er un v¨¦ritable Espace europ¨¦en de la Recherche, qui soit plus que la juxtaposition des politiques nationales.

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En effet, la recherche est d¨¦sormais un facteur-cl¨¦ de la r¨¦ussite ¨¦conomique et sociale, comme l'ont reconnu les chefs d'Etat et de Gouvernement ¨¤ Lisbonne en 2002, en adoptant l'objectif de la soci¨¦t¨¦ de la connaissance.

Pour concr¨¦tiser cet objectif, il faut encore intensifier nos efforts en R&amp;D, et parvenir ¨¤ consacrer 3% de notre PIB ¨¤ la recherche et au d¨¦veloppement. Pour le moment, nous ne sommes qu'¨¤ 1.9 %. De plus, il y a de grandes disparit¨¦s r¨¦gionales: 4 des 8 r¨¦gions qui investissent le plus dans la recherche sont en Allemagne, 2 au Royaume Uni, 1 en France, et 1 en Finlande.

R¨¦ussir ¨¤ investir 3% du PIB dans la R&amp;D est un v¨¦ritable d¨¦fi, qui d¨¦passe la question de l'investissement proprement dit. Il faut cr¨¦er le contexte et les conditions dans lesquelles la recherche produit effectivement les effets positifs escompt¨¦s: attractivit¨¦ de la science et de la recherche, stimulation de l'innovation, encouragement des PME, etc, ...

Cela suppose aussi qu'il y ait assez de chercheurs et de chercheuses en Europe. On parle de 700 000 chercheurs suppl¨¦mentaires, d'ici ¨¤ 2010!

Vous le savez, malgr¨¦ que les femmes constituent plus de la moiti¨¦ des diplom¨¦s universitaires dans l'Union europ¨¦enne et dans les pays candidats, elles ne sont plus qu'une toute petite proportion des personnes ayant acc¨¨s aux fonctions les plus ¨¦lev¨¦es.

Pensez-vous qu'il soit cr¨¦dible de pr¨¦tendre que l'on s¨¦lectionne vraiment les meilleurs scientifiques, lorsque l'on constate de telles distorsions? Ces distorsions sont le r¨¦sultat de facteurs qui ne permettent pas aux femmes de d¨¦velopper leur potentiel: c'est non seulement injuste ¨¤ leur ¨¦gard, mais cela repr¨¦sente une perte pour la soci¨¦t¨¦ tout enti¨¨re.

La Commission, devant un tel constat et devant la mobilisation des femmes scientifiques, de parlementaires qui les soutiennent [mention de Eryll McNally et d'Olga Zrihen ?], ainsi que de plusieurs Etats membres notamment l'Allemagne- a d¨¦cid¨¦ de d¨¦velopper un ensemble d'actions visant ¨¤ promouvoir les femmes dans la recherche europ¨¦enne.

Dans le prolongement de ces actions, la Commission est ¨¦galement attentive ¨¤ int¨¦grer la dimension du genre dans l'agenda de la recherche. Comment faire de la recherche scientifique dans le domaine des sciences du vivant ou des sciences socio-¨¦conomiques, sans prendre toute la mesure de l'impact de la diff¨¦rence sexuelle?

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J'ai souhait¨¦ qu'une unit¨¦ " femmes et sciences " soit cr¨¦¨¦e dans la direction g¨¦n¨¦rale de la recherche pour donner les impulsions n¨¦cessaires, tant au niveau du dialogue et de l'¨¦change d'exp¨¦riences entre Europ¨¦ennes et Europ¨¦ens qu'au niveau des mesures que nous avons prises pour promouvoir la particpation des femmes et l'int¨¦gration de la dimension du genre dans le Programme-cadre.

Je suis persuad¨¦ que l'Espace europ¨¦en de la Recherche ne trouvera tout son sens que si la recherche scientifique en Europe s'ouvre r¨¦ellement aux femmes.

Quelques mois apr¨¨s que je sois devenu Commissaire de la recherche, en janvier 2000, le premier groupe d'expertes, pr¨¦sid¨¦ par Mary Osborn du Max Planck Institute, m'a remis son rapport. J'ai bien s?r ¨¦t¨¦ impressionn¨¦ par leurs analyses et leurs conclusions: c'¨¦tait la premi¨¨re fois qu'une analyse ¨¤ l'¨¦chelle europ¨¦enne montrait ¨¤ quel point la dimension du genre ¨¦tait effectivement pr¨¦sente dans le syst¨¨me scientifique europ¨¦en et interf¨¦rait dans son fonctionnement, mais ¨¤ notre insu! Il ¨¦tait donc indispensable que ceci fasse l'objet d'une attention syst¨¦matique de la part des pouvoirs publics et des institutions scientifiques.

Dans ce rapport, des premi¨¨res donn¨¦es statistiques avaient pu ¨ºtre r¨¦colt¨¦es pour les universit¨¦s ou les centres publics de recherche, mais les conclusions ¨¦taient tr¨¨s claires sur le fait qu'on ne savait rien de la situation des femmes dans la recherche men¨¦e par les entreprises.

Or, plus de la moiti¨¦ de l'effort de recherche est financ¨¦ par les entreprises, il ¨¦tait donc imp¨¦ratif de porter une attention particuli¨¨re sur ce domaine pour lever un coin du voile.

Comme premi¨¨re ¨¦tape, la Commission a sollicit¨¦ un groupe d'experts provenant pour la grande majorit¨¦ des entreprises elles-m¨ºmes. Je salue ici Helga R¨¹bsaemen, Vice-pr¨¦sidente chez Bayer HealthCare et Raignhild Sohlberg, Vice-pr¨¦sidente chez Norsk-Hydro ASA Corporate Centre, toutes deux ¨¦galement membres de l'EURAB, qui ont bien voulu co-pr¨¦sider les travaux de ce groupe. Le mandat de ce groupe ¨¦tait d'¨¦valuer la situation des femmes dans la recherche industrielle, de mesurer le r?le des femmes dans l'innovation et l'entreprenariat, notamment au niveau des PME.

Parall¨¨lement ¨¤ ce groupe d'experts, la Commission, en partenariat avec les pr¨¦sidences belge et espagnole, a financ¨¦ une ¨¦tude men¨¦e par les professeurs Meulders et Caprile, pour explorer toutes les possibilit¨¦s d'analyse provenant des bases de donn¨¦es existantes et pour mener des entretiens approfondis dans une quinzaine d'entreprises pour compl¨¦ter les travaux du groupe d'experts.

La premi¨¨re de ces le?ons est qu'il ¨¦tait essentiel de porter l'attention sur la recherche industrielle. Si les femmes sont minoritaires dans la recherche en g¨¦n¨¦ral, leur sous-repr¨¦sentation est encore accentu¨¦e dans la recherche industrielle, par rapport ¨¤ la recherche publique et universitaire. On d¨¦nombre seulement 15 % de femmes parmi les chercheurs en entreprises, alors que cette proportion est de 30% pour la recherche universitaire et publique. Les diff¨¦rences nationales sont significatives: de 9/10% en Autriche et en Allemagne jusque 24% au Portugal.

Dans les futurs Etats membres, les statistiques sont plus encourageantes: la moyenne est de 25.8 % , avec des pourcentages nationaux allant de 17% pour la R¨¦publique Tch¨¨que ¨¤ 56% pour la Lettonie! Toutefois, le poids relativement restreint de la recherche industrielle dans ces pays font que leur impact sur la moyenne dans l'Europe ¨¤ 25 est malheureusement limit¨¦: le pourcentage passe de 14.9% ¨¤ 15.9 %.

Derri¨¨re cette diversit¨¦ nationale, on trouve le probl¨¨me suivant: les femmes sont le mieux repr¨¦sent¨¦es dans les pays o¨´ la population de chercheurs industriels est la plus faible. Les hauts pourcentages ne sont donc pas pr¨¨s de faire t?che d'huile sur la moyenne!

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Est-ce que ceci r¨¦sulte du peu de femmes dans les fili¨¨res ¨¤ l'universit¨¦ qui conduisent ¨¤ la recherche industrielle? Eh bien non! En 2000, 30% des diplom¨¦s universitaires dans les fili¨¨res " sciences, math¨¦matiques, informatique " et " sciences de l'ing¨¦nieur " sont des femmes. Il y en avait 166000.

Ceci ne veut pas dire qu'il ne faut pas ¨¦galement agir au niveau de l'enseignement sup¨¦rieur et aussi du secondaire pour augmenter ce nombre!

De plus, sur 100 femmes hautement qualifi¨¦es en Europe, seulement 78 occupent un emploi, alors que ce chiffre est de 87 pour les hommes. La Su¨¨de est le seul pays o¨´ les femmes hautement qualifi¨¦es ont un taux d'emploi sup¨¦rieur ¨¤ leurs homologues masculins!

La conciliation de la vie familiale et professionnelle est un probl¨¨me qui reste trop exclusivement f¨¦minin. Seulement, 28% des femmes ing¨¦nieurs et scientifiques ont au moins un enfant de moins de 16 ans, pour 35% des hommes. Aux Etats Unis, une enqu¨ºte vient de r¨¦v¨¦ler que 42% des femmes occupant des fonctions de top management dans les entreprises et dont l'?ge est compris entre 41 et 55 ans n'ont pas d'enfants, et une femme sur deux gagnant plus de 100000 dollars n'a pas d'enfant.

La question de la conciliation est d'autant plus cruciale pour les femmes qu'elles sont confront¨¦es, plus que les hommes, au probl¨¨me de la " double carri¨¨re ". En effet, les ¨¦tudes disponibles montrent que la tr¨¨s grande majorit¨¦ des femmes scientifiques ont pour partenaire des chercheurs scientifiques, alors que l'inverse n'est pas vrai.

Je retiens aussi que c'est une affaire de culture d'entreprises. La promotion de la diversit¨¦ a un impact sur l'atmosph¨¨re de l'entreprise et son positionnement strat¨¦gique.

Je retiens enfin que pour progresser, chacun doit mettre en place des objectifs clairs et des syst¨¨mes d'¨¦valuation et de suivi. Il n'y aura gu¨¨re de progr¨¨s sans strat¨¦gie claire et concert¨¦e de la part de tous les acteurs int¨¦ress¨¦s.

Tout d'abord, nous avons pu constater l'int¨¦r¨ºt tr¨¨s grand suscit¨¦ par le rapport du groupe d'experts, ¨¤ la fois par le nombre de copies demand¨¦es (plus de 4000 ¨¤ ce jour) et aussi par l'int¨¦r¨ºt de la presse. cet int¨¦r¨ºt d¨¦passe les fronti¨¨res de l'Union, comme en atteste d'ailleurs la pr¨¦sence ici de participants non europ¨¦ens.

Des initiatives nationales, notamment en France, au Royaume Uni et en Allemagne, se sont inspir¨¦es de ces travaux.

Nous avons approfondi et enrichi les informations disponibles gr?ce ¨¤ l'¨¦tude men¨¦e par Dani¨¨le Meulders et Maria Caprile, et qui sera pr¨¦sent¨¦e tout ¨¤ l'heure et aussi gr?ce ¨¤ la publication d'une brochure pr¨¦sentant des bonnes pratiques en entreprises, afin de permettre aux entreprises qui souhaitent se mettre en mouvement de b¨¦n¨¦ficier de sources d'inspiration.

Lors de la remise du rapport en janvier, j'ai ¨¦t¨¦ tr¨¨s impression¨¦ par l'importance que Schlumberger accorde ¨¤ la promotion des femmes dans l'entreprise et les succ¨¨s rencontr¨¦s. En cons¨¦quence, j'ai sollicit¨¦ Andrew Gould, PDG de Schlumberger, en lui demandant s'il pouvait stimuler, avec d'autres entreprises, un mouvement plus large dans l'industrie, pour faire ¨¦cole, en quelque sorte! Je saisis cette occasion pour le remercier d'avoir r¨¦pondu ¨¤ cette invitation, et je me r¨¦jouis d'entendre ce qu'il va nous proposer.

Le sixi¨¨me programme-cadre est entr¨¦ en vigueur le 1er janvier, avec une attention renforc¨¦e ¨¤ la question de l'¨¦galit¨¦. Toutes les entreprises impliqu¨¦es dans un r¨¦seau d'excellence ou un projet int¨¦gr¨¦ devront concevoir et mettre en oeuvre un plan d'action pour l'¨¦galit¨¦, dans le cadre de leur projet de recherche. Dans les actions " Marie Curie ", les schemas institutionnels offrent la possiblit¨¦ pour les entreprises de mettre en place des syst¨¨mes de bourses. Ceux-ci peuvent ¨ºtre mis au service de l'objectif qui nous r¨¦unit aujourd'hui. De plus, 15% du budget de recherche dans les 7 priorit¨¦s doivent ¨ºtre allou¨¦s ¨¤ des PME: l¨¤ aussi, il faut que les femmes en prennent leur part.

J'aimerais inviter tous les participants ¨¤ examiner l'ensemble des moyens par lesquels le Programme-cadre peut ¨ºtre mis ¨¤ profit pour soutenir les strat¨¦gies des entreprises pour renforcer la pr¨¦sence des femmes en leur sein, et en particulier dans la recherche.

Nous sommes devant un ¨¦norme d¨¦fi. Si l'on veut r¨¦ussir ¨¤ avoir chang¨¦ radicalement la situation en 2010, il faut agir sans tarder. Mais l'action n¨¦cessaire est complexe et implique de nombreux acteurs. Il s'agit de combiner le sens de l'urgence et l'engagement ¨¤ long terme.

Je vais m'entretenir avec mes coll¨¨gues responsables de l'industrie, de l'emploi et de la soci¨¦t¨¦ de l'information pour harmoniser nos actions en vue de promouvoir la participation des femmes dans les entreprises. En effet, les questions qui touchent la recherche industrielle ne sont pas dissociables des questions d'innovation, de technologies de l'information et d'entreprenariat. J'aimerais que nos travaux et nos actions dans le domaine de la recherche industrielle contribuent ¨¤ l'¨¦laboration d'un cadre plus large et coh¨¦rent.

Nous allons soutenir les entreprises qui soutiennent les femmes, en produisant des donn¨¦es et des analyses et en stimulant le d¨¦bat.

Mais il est clair que nous ne sommes pas dans le si¨¨ge du conducteur. J'ai conscience que la Commission peut jouer un r?le de stimulation, qu'elle peut encourager, soutenir, mais ce sont bien les entreprises qui ont les cartes en main. Nous serons tr¨¨s attentifs ¨¤ leurs initiatives et nous les invitons ¨¤ trouver, dans le Programme cadre, les moyens d'intensifier leurs actions en faveur des femmes dans la recherche industrielle.

Je souhaite que cette conf¨¦rence soit l'occasion pour chacun de vous de faire le plein de rencontres, de connaissances et d'arguments pour agir avec encore plus d'efficacit¨¦ dans vos milieux respectifs, d¨¨s lundi.

J'attens bien s?r avec curiosit¨¦ et impatience la prise de position du groupe d'entreprises emmen¨¦es par Schlumberger.

J'attends aussi vos analyses et le contenu de vos d¨¦bats. Je serai attentif ¨¤ vos conclusions et m'en inspirerai pour assurer la part de la Commission dans les actions conjointes qui sont n¨¦cessaires pour faire advenir un Espace europ¨¦en de la Recherche, o¨´ les femmes chercheures sont accueillies et valoris¨¦es.
Exactement, 14.9 %, et sans inclure la situation en UK, SWE et LUX qui ne donnent pas de statistiques d¨¦sagr¨¦g¨¦es par sexe pour les chercheurs du secteur des entreprises. Cela donne une couverture de 70% des chercheurs.
Pas de statistiques d¨¦sagr¨¦g¨¦es pour Malte.

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DN: Date: 10/10/2003

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